JL-10 : les dernières nouvelles de l’avion d’entraînement chinois

La marine chinoise demeure au centre de l’actualité du secteur de la défense en Chine en ce début d’année. Après les nouvelles sur le renforcement de ses forces amphibies, comme la mise à l’eau du 6e LPD Type 071 à Shanghai et l’entrée en service de 4 embarcation de débarquement sur coussin d’air Type 726A à la flotte de l’Est, la traversée d’un sous-marin nucléaire d’attaque Type 09IIIB des îles disputés Senkaku / Diaoyutai qui a provoqué quelques vives réactions au Japon, ou encore l’admission au service actif d’une nouvelle frégate Type 54A et une corvette Type 056A, la composante aérienne des forces navales chinoises n’est pas en reste et a elle aussi de son côté quelques nouveautés, notamment autour de sa capacité à mieux former les élèves pilotes de chasse avec l’arrivée, enfin, d’un nouveau modèle d’avion d’entraînement avancé, le JL-10.

Jusqu’à présent, les différentes organes de formation de la marine chinoise s’appuient sur des vecteurs d’ancienne génération comme le CJ-6, le JL-8 et le JL-9G pour former les cadets d’avions de chasse sur une durée allante jusqu’à 5 ans.

Comment permettre aux jeunes élèves pilotes de mieux appréhender les chasseurs de nouvelle génération, avec un comportement en vol et un avionique plus évolué et plus abouti, et faire de la transition entre l’appareil de la phase d’entraînement avancé et celui des unités de première ligne la plus graduelle possible, reste une question ouverte depuis de nombreuses années.

Et l’arrivée de JL-9 et sa variante JL-9G après 2010, qui sont développés sur la base de JJ-7A, lui-même dérivé du J-7 antique, n’est finalement qu’une solution « Stop Gap » pour la marine chinoise, qui se voit confier par l’Etat chinois un rôle de plus en plus important pour protéger les intérêts du pays ces dernières années, à la mer comme dans le ciel.

C’est donc tout à fait logique qu’elle garde toujours un œil intéressé sur le nouveau programme JL-10, en développement depuis une dizaine d’année chez Hongdu Aviation Industry Group (HAIG).

Après avoir vu d’abord les JL-10 entrés en service au sein de l’armée de l’air chinoise, les images parues dans un reportage diffusée par HAIG montrent qu’une institution de formation de la marine chinoise, l’Université d’aéronautique navale, a aussi réceptionné au moins trois appareils en fin 2017. Il devrait s’agir du même lot d’avions que nous avons évoqué en 2016 dans le dossier « La marine chinoise réceptionnera le JL-10 ».

JL-10

D’autres JL-10 pour la marine sont en phase d’essais d’usine (Photo : HAIG)

On remarquera que ces appareils de la marine portent une livrée gris pâle qui est différente de celle de l’armée de l’air, avec l’inscription 01 à 03 imprimée sur la dérive. Malheureusement leur immatriculations, jugées comme information sensible en Chine, ont été volontairement floutées dans la vidéo.

Les tuyères de ces JL-10 marine suggèrent qu’il s’agisse de la version AJT de base sans post-combustion. Ils ne peuvent donc pas franchir le mur du son et devraient être surtout affectés pour les entraînements en vol avancés en domaine subsonique.

Avec l’inauguration de la chaîne d’assemblage dite « Pulse line » chez HAIG, la cadence de production devrait démultiplier pour satisfaire le besoin en constante croissance de l’armée de l’air et la marine chinoise. Pour faire face à cette nouvelle concurrence, GAIC, fabricant de JL-9 et JL-9G qui ont également intégré les mêmes corps d’armées chinois, a lancé de son côté au moins deux nouveaux projets d’avion d’entraînement avancé, dont l’un serait déjà à l’aéronautique embarquée.

A noter que la vidéo diffusée par HAIG a également révélé une autre information intéressante sur le JL-10, à savoir le début d’essais en vol d’un nouveau type d’armements Air-Sol « Standoff » ¹ appelé TL-20.

Développé par le groupe AVIC, maison mère de GAIC et d’HAIG également, il s’agit d’une bombe guidée dotée d’un kit planeur, dont la taille et la dimension sont proche du GBU-53/B Small Diameter Bomb II américain qui est conçu pour frapper des cibles fixes sur 110 km ou des cibles en mouvement sur 72 km.

Les données indiquent que la nouvelle bombe chinoise dispose d’une tête chercheuse avec un système de guidage dual mode, combinant le guidage par satellite (GPS, Beidou, Glonass ?), INS et radar millimétrique.

Il est d’ailleurs de voir dans les images qu’un officier marine était présent au moment du chargement de la bombe sur le prototype 433 de JL-10 / L-15. Cela pourrait signifier que la marine chinoise est également intéressée par ce type de munitions précises pour la version LIFT (Lead-In Fighter Trainer) de ses futurs JL-10, pour les missions de type CAS contre les flottes amphibies ou les petites embarcations rapides en mer de Chine méridionale ou au détroit de Taïwan, sachant que la marine taïwanaise est en train d’étudier  un projet de petits FAC furtif à missile pour défendre ses côtes.

Henri K.

 

¹ – Le mot vient de « Standoff Attack », qui désigne une attaque avec une arme dont la portée est suffisamment longue pour être lancée en dehors du sphère de défense anti-aérienne d’ennemi.

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Et si la vision du monde est "biphasée" ? C'est ce que Henri a toujours cru, c'est également comme cela qu'il voit la Chine. Maladroit dans son écriture, souvent perdu dans ses pensées, ce responsable technique en aéronautique essaie pourtant de partager avec vous chaque jour les actualités sur l'Empire du Milieu, avec notamment les éléments à la source que vous ne verrez probablement jamais ailleurs en France.

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