Alors que le combo SNLE Type 09IV et SLBM JL-2 est considéré par le Ministère américain de la Défense comme la première réponse chinoise crédible en matière de la dissuasion nucléaire navale, la Chine semble être déjà sur le pied de guerre pour renouveler cette capacité avec l’essai récent d’un missile mer-sol balistique stratégique de nouvelle génération, le supposé JL-3.
Le test a d’abord été révélée mardi dernier par Bill Gertz, sur le site Free Beacon, en citant des sources du Pentagone. Les officiers américains ont qualifié l’essai du supposé JL-3 de réussite, bien que le missile ne semble pas avoir effectué son vol de pleine portée.
C’est Ankit Panda, également en contact avec des sources gouvernementales américaines, qui a ensuite porté deux autres éléments essentiels sur l’essai. Dans son article publié le 20 Décembre sur The Diplomat, on apprend que le tir du JL-3 a en fait eu lieu le 24 Novembre depuis un banc d’essai sous-marin conventionnel en baie de Bohai.
Les services de renseignement américains pensent que le missile aurait effectué seulement un test d’éjection et de sortie de l’eau, mais estiment que la portée du nouveau SLBM chinois pourrait dépasser quelques 9 000 km.
Les données apportées par Bill Bertz et Ankit Panda indiquent donc qu’un sous-marin d’essais Type 32 de la marine chinoise a procédé, le 24 Novembre, à un essai de tir partiel d’un nouveau missile mer-sol depuis la baie de Bohai, située au nord de la Chine.
Mais où précisément le départ du missile a eu lieu ? Quelle distance a-t-il parcouru ? Que sait-on du missile JL-3 à ce jour ? Voici quelques unes de questions supplémentaires qui pourraient être intéressantes.
Avant de travailler sur le cas du JL-3 ici, il serait utile de revoir comment la Chine avait réalisé ses tests SLBM dans le passé, sachant que ce type d’essais se fait rare et que la situation géographique du pays ne facilite pas des vols de ce genre en toute discrétion.
L’un des premiers vols d’essai du JL-2, celui du 20 Juillet 2011 par exemple, a obligé les autorités chinoises de fermer une zone maritime en baie de Bohai et deux zones d’interdiction d’accès aérienne dans le continent.
Cela facilite grandement le suivi du vol et la récupération des charges en fin de course, le Pacifique n’étant pas considéré comme une zone « sécurisée » par l’armée chinoise.
Comme un peu près la même configuration de zones interdites d’accès a déjà été observée plusieurs fois (30/12/2011, 16/08/2012, 22/12/2013, 23/01/2015), du moins pour la partie maritime, il y a donc fort à parier que des zones similaires seront fermées pour des nouveaux tests de ce type, et c’est ce qu’il semble être le cas pour le 24 Novembre cette année.
En effet, les autorités de sécurité maritime de la province de Liaoning, qui couvrent la région de baie de Bohai parmi tant d’autres, ont fermé
le 24 Novembre 2018 une zone de superficie parfaitement identique à celle du 20 Juillet 2011, et pratiquement au même endroit.
Cette zone de 5 944 km² se trouve entre Dalian et le péninsule de Shadong, mais légèrement plus au sud-est par rapport à celle de Juillet 2011 comme pour éviter le mégapole de Tianjin si le missile devrait viser le même site d’impact à Minfeng comme en 2011.
L’interdiction d’accès maritime, en raison des « opérations militaires », s’étalait d’ailleurs sur deux jours, du 24 au 25 Novembre, et de 06h00 à 18h00 heure locale.
On notera que la même zone, signalée par la notification 辽航警0268, a déjà été fermée quelques jours auparavant au 19 Novembre, mais on ignore si un essai a eu lieu plus tôt que celui du 24 Novembre.
辽航警0276
渤海及渤海海峡,11月24日至25日每天0600时至1800时,在
38°45′N 120°16′E
38°45′N 121°35′E
38°17′N 121°35′E
38°17′N 120°16′E
诸点连线范围内执行军事任务。禁止驶入。
Dans le même temps, des segments aériens à l’ouest de la Chine ont également été fermés sur toute altitude, le 24 Novembre de 14h00 à 15h20 heure de Pékin puis de 16h00 à 24h00. Mais rien ne permet d’établir le lien de ces fermetures avec l’essai du JL-3.
Et le fait que la zone maritime interdite d’accès ne soit pas accompagnée d’une zone aérienne fermée pourrait signifier qu’aucun vol n’a été effectué, donc seul un test d’éjection a eu lieu, mais cela est à confirmer.
A5010/18
Q) ZLHW/QARLC/IV/NBO/E/000/999/
A) ZLHW B) 1811240600 C) 1811240720
E) FLW SEGMENT OF ATS RTE CLSD:
1.Y1: MAGOD – LUSMA.
2.W112: ADMUX – TUSLI.
3.W192: DUMIN – TUSLI.
A5008/18
Q) ZLHW/QARLC/IV/NBO/E/000/999/3938N10034E103
A) ZLHW B) 1811240800 C) 1811241400
E) SEGMENT YABRAI VOR ‘YBL’-JIAYUGUAN VOR ‘CHW’ OF ATS RTE V67 CLSD.
Quant au missile JL-3 lui-même, que nous l’avons vaguement évoqué dans le dossier « Type 32 : Nouvelle modification sur le banc d’essais sous-marin » en Août 2017, ce que l’on peut dire à son sujet est qu’il existe très peu d’éléments ouverts disponibles à ce jour.
Deux publications institutionnelles parues entre fin 2013 et début 2014 semblent indiquer que le JL-3 serait développé par le groupe missilier chinois CASIC, le même qui a développé le JL-1 dans les années 70′.
Il s’agirait d’un missile à deux étages, de diamètre de 2,2 mètres, et sans carénage moteur contrairement au JL-2 (qui lui est développé par le concurrent CASC). Ce dernier point, si confirmé, suggère que l’allumage du missile se réalise dans l’eau à la sortie des tubes.
D’autres documents universitaires laissent penser que le JL-3 disposerait d’une tige réductrice de traînée, comme celle se trouvant sur le Trident américain ou M51 français.
Plus récemment, en Septembre 2017, une filiale du groupe CASIC a publié aussi des articles indiquant qu’un certain « programme clé » demande à ce que la nouvelle formule d’ergol solide ait fini ses essais au sol avant Juin 2017, et que deux exemplaires d’un certain « grand moteur » soient remplis au plus vite. Il pourrait s’agir donc à la préparation de l’essai de fin Novembre cette année.
Si l’essai du 24 Novembre correspond à un « simple » test d’éjection, alors il est possible que le premier lancement au sol du JL-3 ait lieu d’ici deux ans, avant que les essais sous-mariniers députeraient un an plus tard, le tout visant une date d’entrer en service d’ici 2026.
En revanche, s’il s’agissait déjà d’un vol d’essai depuis le sous-marin Type 32, alors la date opérationnelle de ce missile pourrait être avancée dans ce cas-là, encore faut-il que son porteur, le Type 09VI actuellement en construction au chantier naval de Bohai, soit lui-aussi prêt à être admis au service actif avant.
A suivre.
Henri K.
Collectionneur | 2019-01-21
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Bonjour.
Une erreur signalé dans la phrase suivante :
un sous-marin d’essais Type 32 de la marine chinoise a procédé, le 24 Novembre, à un essai de tir ‘.partial »
Henri KENHMANN | Author | 2019-01-22
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Merci Fred, c’est corrigé.
Henri