L’armée chinoise s’intéresse à Maglev

Le 6 Septembre 2016, l’Université nationale de technologie de la défense (NUDT) et le gouvernement de la province de Hunan ont signé un accord de collaboration stratégique dans le domaine de maglev, c’est à dire la sustentation magnétique.

Selon les termes de cet accord, un centre de recherche et de développement en maglev sera créé, avec l’apport technologique de l’un et le soutien politique et financier de l’autre, afin de maîtriser de bout en bout toutes les technologies nécessaires pour l’industrialisation des véhicules et des trains à sustentation magnétique.

Après la ligne de Transrapid de Shanghai dont les technologies sont d’origine allemande, la Chine a construit sa deuxième ligne maglev à Changsha, la capitale de la province de Hunan, et cette fois-ci basée sur ses propres développements.

Cette ligne à Changsha qui mesure 18,55km de long relie la gare du Sud de la ville avec l’aéroport international de Changsha Huanghua en 120km/h de vitesse maximum. Elle est en exploitation expérimentale depuis le 6 Mai cette année.

La construction de la ligne avait suscité quelques inquiétudes chez les habitants de la ville, et les journalistes CCTV ont mesuré la densité du champ magnétique du train à Changsha, elle est deux fois inférieure à celle d’un micro-onde en fonctionnement –

L’ensemble de l’infrastructure ainsi que les rames et les rails spécifiques de ce Changsha Maglev Express ont été développés par la NUDT et la CRRC Zhuzhou Electric Locomotive, avec le soutien de plusieurs universités chinoises comme l’Université Tongji et l’Université Jiaotong du Sud-ouest, toutes deux spécialisées en technologies de transport.

Changsha Maglev Express

Changsha Maglev Express

En réalité l’armée chinoise s’intéresse aux technologies maglev depuis très longtemps. En 1980, la NUDT a commencé à développer un petit banc expérimental, le premier du genre en Chine.

Une première maquette a été fabriquée en 1983, et un petit prototype de 60kg a réussi ses essais de roulement sur une ligne de 10m de long dès 1989.

Le programme national des hautes technologies 863 a inclut le sujet de maglev à partir du 8ème plan quinquennal du pays, et la NUDT a été chargée de développer les technologies de sustentation magnétique et du contrôle directionnel.

En 10 ans, les équipes de chercheurs militaires ont terminé le prototypage des contrôleurs de suspension, des capteurs et des bogies, et ont défini le plan de l’intégration des systèmes pour la suite.

Le dernier contrôleur de suspension développé par la NUDT permet d’atteindre 35t de masse suspendue par wagon, soit 25% de plus que les produits du marché.

Plusieurs lignes d’essais expérimentales ont été construits à compter du 10ème plan quinquennal – la ligne de 204m à Changsha en 2001, celle de 1,55km à Tangshan en 2008, puis en Mai 2009 le premier prototype opérationnel a été construit et testé avec succès.

Côté usage militaire, les technologies maglev intéressent l’armée chinoise à plusieurs niveaux.

D’abord pour les véhicules de combat où les paliers magnétiques actifs permettent de prolonger considérablement la durée de vie de l’ensemble et aussi d’accroître la vitesse de rotation de certaines parties mécaniques.

Comme pour les autres pays, des projets à plus long terme sont envisagés, comme le canon électromagnétique et le système d’injection orbitale rapide, bien que les technologies utilisées ne sont pas tout à fait les mêmes que celles de maglev.

Si l’ascenseur magnétique orbitale peut paraître encore lointain, le développement du canon électromagnétique est, en revanche, sur la bonne voie. Les essais ont eu lieu pour les prototypes de calibre 10, 38 et 90mm. Un railgun naval est actuellement en développement chez CASIC et le projet est directement financé par la marine chinoise.

Ce dernier pourrait équiper les futurs variants du destroyer Type 055 dans un futur proche.

A noter que le 846ème escadron d’essai de l’US Air Force a battu, en Mars dernier, le record mondial de vitesse en maglev. Un engin de 907kg environ a été projeté à une vitesse de plus de 1018km/h.

Les ingénieurs militaires ont dû d’abord refroidir les électroaimants à 4 degrés Kelvin, soit 4 degrés au dessus du zéro absolu, à l’aide de l’hélium liquide.

A ce sujet, le développement de maglev permet également de tirer ceux des autres domaines, comme les nouveaux matériaux et la supraconduction.

Pour élargir davantage les applications industrielles de la supraconduction, on doit trouver des solutions pour l’utiliser, par exemple, à haute température. « Haute » au sens de quelques dizaines de Kelvin au lieu de quelques Kelvin, et ceci dépend fortement des matériaux utilisés pour le conducteur.

Selon une annonce de l’Académie chinoise des Sciences (CAS) datant il y a deux jours, l’Institut d’ingénierie électrique de CAS vient de réussir à fabriquer un fil supraconducteur à base de fer de 115m de long. Les autres laboratoires au monde seraient encore resté au niveau métrique, d’après le communique.

Les supraconducteurs à base de fer ont de nombreuses perspectives applicatives dans l’industrie, le médical, la défense et beaucoup d’autres domaines, comme par exemple l’imagerie par résonance magnétique, les aimants à champ élevé, les moteurs, les transformateurs, les limiteurs de courant et le stockage d’énergie…etc.

L’affaire à suivre.

Henri K.

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Et si la vision du monde est "biphasée" ? C'est ce que Henri a toujours cru, c'est également comme cela qu'il voit la Chine. Maladroit dans son écriture, souvent perdu dans ses pensées, ce responsable technique en aéronautique essaie pourtant de partager avec vous chaque jour les actualités sur l'Empire du Milieu, avec notamment les éléments à la source que vous ne verrez probablement jamais ailleurs en France.

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