Début de la production en (petite) série du drone hypersonique chinois ?

Un fuselage central entièrement réalisé en titane par l’impression 3D, un processus de fabrication qui a duré six mois au total… Voici les quelques nouveaux éléments rendus publiques la semaine dernière qui pourraient avoir un lien direct avec les programmes de drone hypersonique chinois.

Selon un article paru ce samedi sur un site spécialisé dans l’impression 3D – appelée de préférence « Fabrication additive » au milieu industriel – la « structure principale » d’un « engin volant à très grande vitesse » a récemment été livrée par le groupe chinois TSC (鑫精合) à un client dont le nom n’a pas été dévoilé.

Le texte indique que la pièce en question mesure 7 xxx mm de long, 2 xxx mm de large et 1 xxx mm de haut. Sa fabrication a nécessité six mois de travail, contre « deux ans si cela avait été fait par des procédés normaux ».

On apprend aussi que cette « structure principale » devrait supporter de fortes contraintes mécaniques et répondre aux exigences élevées sur ses dimensions, pour cause de l’environnement délicat lié au vol à très grande vitesse (hypersonique ?).

TSC Beijing a dû réaliser alors de nombreuses études fondamentales et expérimentations, notamment autour des technologies comme LMD (Laser Metal Deposition), WAAM (Wire + Arc Additive Manufacturing) et LW (Laser Welding), pour que le produit final puisse atteindre le niveau attendu, comme une déformation globale de cette structure entièrement faite en titane qui ne devrait pas dépasser les 0,5 mm.

L’article souligne aussi à la fin que cette livraison a permis de bâtir une base théorique et pratique solide pour « la production en série à venir », sans donner plus de détails.

Les éléments révélés par cet article suggèrent que l’appareil, puisqu’il s’agit d’un engin volant, est de taille réduite comparé à un avion piloté. On pense aussi qu’il est de petite envergure, conformément à son domaine de vol « très grande vitesse », supposé hypersonique, et aussi la forme de la jointure de cette structure avec la voilure.

Au milieu de la pièce figure une conduite cylindrique de diamètre d’environ un mètre, ce qui suggère aussi que l’appareil est propulsé. Compte tenu du domaine de vol auquel il évolue et la maturité actuelle des différents systèmes de propulsion en Chine permettant à l’engin d’atteindre le domaine hypersonique, on peut supposer qu’il s’agisse soit d’un RBCC ou un ramjet.

Et la forme générale de cette pièce intégrale fait surtout penser à l’image d’un drone hypersonique conçu par l’Institut 611 Chengdu, parue dans plusieurs brevets déposés fin Décembre 2015 par ce bureau d’études qui a développé plusieurs avions de chasse chinois comme le J-10 et le J-20, ou encore les drones comme l’EA-03.

C’est ce même drone qui a déjà fait l’objet de notre étude dans le dossier « Hypersonique : la compétition au-delà des nuages ? », rédigé l’an dernier, ou encore « Le drone hypersonique chinois enfin révélé ? » en 2016.

Mais étant donné l’aspect qui semble être encore expérimental de cette pièce fabriquée, il est plausible qu’il s’agisse d’une première pièce prototype destinée à subir de nombreux tests afin de faire valider les procédés par le client ou les entités compétentes.

Une recherche rapide sur TSJ Beijing montre que l’entreprise est non seulement certifié GJB 9001B-2009 (国军标质量管理体系认证), un standard de gestion de qualité militaire chinois, mais a aussi obtenu la Certification nationale de confidentialité (国家保密资格认证), la licence de recherche et de développement des armes et des équipements militaires (武器装备科研生产许可) ainsi que la qualification officielle de fournisseur d’armes (武器资格承制单位).

Autrement dit le groupe chinois est qualifié pour développer et produire des équipements militaires pour l’Etat ou d’autres entités homologuées.

On attendra désormais d’autres éléments à venir pour en découvrir plus sur ce ou ces drones hypersonique chinois, notamment sur l’objectif de leur développement et leur doctrine d’utilisation. On aura certainement l’occasion d’y revenir.

A suivre.

Henri K.

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Et si la vision du monde est "biphasée" ? C'est ce que Henri a toujours cru, c'est également comme cela qu'il voit la Chine. Maladroit dans son écriture, souvent perdu dans ses pensées, ce responsable technique en aéronautique essaie pourtant de partager avec vous chaque jour les actualités sur l'Empire du Milieu, avec notamment les éléments à la source que vous ne verrez probablement jamais ailleurs en France.

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