CH-T4 : Nouveaux records pour le plus grand drone solaire en Chine

Le groupe d’aérospatial chinois CASC vient de montrer qu’il sait non seulement construire des fusées, des engins spatiaux ainsi que des drones militaires, mais aussi le drone solaire.

En effet, son drone solaire CH-T4 vient de réaliser avec succès un nouveau vol d’essai à l’Ouest de la Chine. L’engin, décollant le matin et retournant au sol le soir même, a évolué à plus de 20 000 mètres d’altitude tout au long de son vol, un record chinois dans le secteur.

Conçu par l’Institut CAAA, filiale aéronautique du CASC, le CH-T4 est caractérisé par une voilure à grand allongement fabriquée en grande partie en fibre de carbone. L’engin de 14 mètres de long dispose de 8 moteurs électriques à hélice pour assurer sa propulsion et d’un double empennage vertical pour la direction.

Son envergure, 45 mètres, est plus grande que celle d’un Airbus A320, faisant de lui le plus grand drone solaire en Chine et le deuxième au monde, mais il ne pèse qu’en réalité un peu plus de 400 kg seulement.

Selon son concepteur en chef SHI Wen (石文), l’objectif de ce drone solaire est de pouvoir voler, à terme, quelques mois voir quelques années sans se poser au sol, alors que l’autonomie actuelle de l’engin est déjà supérieure à 24 heures de vol ou 3 000 km, grâce aux nombreux panneaux solaires installés sur l’extrados de la voilure et aussi à une très faible consommation de ses moteurs, environ 2 000 Watt.

Cette grande endurance visée présente alors un grand intérêt dans certaines applications militaires et civils, notamment dans la surveillance maritime de très longue durée ou servant comme relais de télécommunication et des données.

Le CAAA a démarré le développement de drone solaire il y a une dizaine d’années. Les premières études étaient portées sur l’aérodynamique, la structure, la commande de vol, l’intégration des systèmes ainsi que la propulsion et la gestion d’énergie. Une série de technologies a notamment été développée pour le vol autonome et stable dans un environnement à forte variation de l’écoulement vertical.

Après s’était fait la main sur un prototype de plus petite taille, les ingénieurs de CAAA a fait voler le CH-T4 pour la première fois en Mars 2015 qui était dépourvu de panneaux solaires.

L’ingénieur en chef SHI et son équipe estiment tout de même que quelques années sont encore nécessaires pour la mise en service d’un drone solaire exploitable dans Near space, qui devrait avoir une capacité d’emport bien plus importante que les quelques dizaines de kg d’aujourd’hui.

SHI précise que la clé du succès réside dans la génération d’énergie, à savoir les « membranes » photovoltaïques de très grand rendement et le stockage d’énergie hautement efficace de faible masse.

C’est probablement pour ces raisons que les principaux drones solaires commercialisés en Chine aujourd’hui soient conçus par une société chinoise spécialisée dans l’énergie renouvelable, notamment dans la production photovoltaïque.

En effet, le groupe chinois Hanergy, le plus grand fabricant de cellules photovoltaïques à couches fines au monde, a présenté ses deux drones solaires au salon de drones à Pékin en 2016.

L’un entre eux, celui de 3,3 mètres d’envergure par exemple, est un drone solaire hybride, mi-avion mi-hélicoptère, à l’image du CH-804C développé aussi par le CAAA.

Grâce à des cellules photovoltaïques GaAs d’un rendement de 31,6%, ce petit drone solaire est capable de rester jusqu’à 10 heures en vol, avec une autonomie maximum de 700 km. Commercialisé pour les missions de patrouille de pipeline et des lignes de hautes tensions, il s’est notamment fait remarquer par Ernest Moniz, ancien secrétaire à l’Énergie des Etats Unis, lors de la 7ème conférence ministérielle sur l’énergie propre (CEM7) qui s’est déroulée à San Francisco en Juin 2016.

A suivre.

Henri K.