Le 2ème porte-avions chinois mis à flot après 3 ans et demi de construction

3 ans et demi après la découpe de la première tôle – plus exactement 42 mois depuis Novembre 2013 – le 2ème porte-avions chinois a été mis à flot au chantier naval de Dalian, situé au Nord du pays.

Ce sistership, ou presque, du porte-avions Liaoning, lui-même transformé par les Chinois à partir de l’ex-Varyag acquis en Ukraine, a été mis sur cale sèche en Mars 2015.

Depuis, le navire de plus de 50 000 tonnes à charge prend forme peu à peu – les parois extérieures du hangar principal a été posées le 25 Novembre 2015, suivi rapidement par la manutention du pont d’envol qui a débuté le 27 Mars 2016, et le pont oblique en fin Avril.

L’installation des modules du tremplin incliné à 14°, très caractéristique de ce nouveau porte-avions STOBAR chinois, est commencée en début Mai, et le pont a été entièrement fermé un mois après.

En Septembre 2016, le navire commence à recevoir son îlot, et les travaux sont terminés vers la fin d’année (voir notre article « Le 2ème porte-avions chinois reçoit son îlot » datant du 25 Septembre).

La mise en peinture des œuvres vives de carènes, précédée par la vérification de l’étanchéité des œuvres vives, a eu lieu en Février cette année. Et en espace de quelques semaines depuis début Avril, les techniciens Dalinois ont déjà fini la peinture des œuvres mortes extérieures et superstructures.

Le 23 Avril 2017, jour du 68ème anniversaire de la Marine de l’Armée populaire de libération où tous les amateurs chinois pensaient être la date de la mise à flot du porte-avions, le chantier naval de Dalian a procédé au remplissage d’eau de la cale. Une série de vérification a été procédé deux jours durant, avant la mise à l’eau officielle du bâtiment.

Ce jalon très important dans ce programme majeur de la marine chinoise a finalement eu lieu le 26 Avril vers 09h00 du matin, en présence de FAN Chang Long, vice-président exécutif de la Commission militaire centrale, de SHEN Jin Long, vice-amiral d’escadre de la marine chinoise, ainsi que des hauts responsables du groupe de construction navale CSIC.

Pour l’heure, le navire est achevé à environ 70%, avec l’ensemble des systèmes principaux, comme la propulsion et l’alimentation électrique, déjà en place.

Ce nouveau porte-avions étant désormais à l’eau, l’installation des autres systèmes et les essais à quai pourront démarrer. Sachant que notre première estimation selon laquelle la mise à flot du deuxième porte-avions chinois aura lieu avant la fin du 2ème semestre 2017 s’est montrée juste, nous maintenons nos prévisions précédentes sur les jalons suivants :

• La première sortie en mer avant Septembre 2018
• L’admission au service actif avant Octobre 2019

A noter que la société d’imagerie satellite DigitalGlobe a publié il y a quelques heures une image prise le 26 Avril par son satellite WV2 au dessus de Dalian. On voit bien que le géant de la mer a bien quitté sa cale désormais remplie d’eau, et les remorqueurs de port sont en train d’amener le navire à côté du quai.

Captured yesterday by #WV2: #China's new aircraft carrier being parked by several tugs. Ceremonial red streamers can be seen from the bow. pic.twitter.com/SI8pPO5dCr

— DigitalGlobe (@DigitalGlobe) April 27, 2017

Est-ce que la Chine s’arrête à une marine dotée « seulement » de deux porte-avions ? La réponse est certainement non.

En effet, la découpe de première tôle du 3ème porte-avions chinois, un CATOBAR de propulsion conventionnelle avec trois catapultes selon certaines sources proches du dossier, aurait d’ores et déjà commencé au chantier naval Jiangnan Changxing situé à Shanghai.

Son déplacement devrait avoisiner les 68 000 tonnes normales, soit environ 20 000 tonnes de plus que les deux STOBAR chinois. Nous pensons qu’il pourrait rejoindre les rangs de la marine chinoise d’ici 2022.

Voici les dates à retenir sur les deux premiers porte-avions chinois et nos prévisions sur le troisième :

Principaux Jalons	STOBAR Type 001 (16 Liaoning) Dalian	STOBAR Type 002 Dalian	CATOBAR Type 003 Shanghai
Conception générale	Terminé en 2007		Commencé en début 2012
Conception technique initiale			Terminé en Mars 2015 (?) Revue faite en Juillet 2015
Conception technique détaillée	Terminé en Juin 2008
Signature du contrat avec le chantier naval	Mars 2009
Conception des processus industriels	Terminé en 2nd semestre 2009
Découpe de tôles		le 28 Août 2013	Début 2017
Construction de sections		Commencé en Janvier 2014	Fin 2017
Mis sur cale		le 10 Mars 2015	Début 2019
Armement des compartiments clos	Terminé en fin 2009
Mis à flot		le 26 Avril 2017	Avant mi-2020
Essais en bassin	Commencé en 2nd semestre 2010
Essai en mer	Commencé le 10 Août 2011
Admission au service actif	le 25 Septembre 2012	Prév : Septembre 2019	Vers 2022

Mais ce que nous devons surtout retenir, ce n’est pas combien de porte-avions ou d’avions que la Chine est capable de construire, mais la volonté inébranlable de rester technologiquement indépendant, l’envie de retrouver une place au sommet de tous les peuples comme ce fut le temps dans le passé, la façon méthodique et imperturbable de mener ses programmes militaires comme civils, et cette complétude de ses chaînes industrielles qui, certes, ne sont peut-être pas au niveau occidental pour chaque brique individuellement parler, mais sont foncièrement complètes et préparées pour des perturbations extérieures.

Et c’est peut-être ceci qui rend ce pays moins « maîtrisable » que d’autres pays émergents, comme l’Inde par exemple, et donc beaucoup moins appréciés par les pouvoirs politiques de l’Ouest.

J’étais en Chine pour affaire quand la mise à flot du 2ème porte-avions a eu lieu. Je n’ai pas pu suivre en direct l’événement mais quand j’ai vu le reportage télévisé le soir en rentrant à l’hôtel, la première phrase de l’hymne national chinois – « la marche des volontaires » – m’est immédiatement venue à l’esprit :

« Debout ! Nous ne voulons plus être des esclaves, c’est avec notre chair que nous allons bâtir notre nouvelle muraille. »

Et ce que j’ai vu cette fois-ci en Chine, quelques années après mon dernier passage et donc avec un plus fort contraste, ne peut qu’être résumé par la dernière phrase du même hymne :

« En avant ! En avant ! En avant ! »

La question est, jusqu’où veulent-il aller ?

A suivre…

Henri K.