JY-300 : CETC fait voler son drone AEW aux radars conformes

En Juillet 2013, lors que WANG Xiao Mo (王小谟) a été interviewé par les journalistes du Quotidien du Peuple sur la question de ce qu’il pourrait être l’AWACS chinois de demain, cet Académicien radariste, reconnu comme « le père du système d’alerte et de contrôle aéroporté » en Chine, imaginait un appareil sans radôme dorsal et doté uniquement d’antennes conformes. Cinq ans plus tard, c’est sur un drone MALE que le groupe CETC, où WANG occupe le poste du directeur adjoint de la Commission des Sciences et des Technologies, commence à mettre en oeuvre ces idées.

Selon un communiqué de l’Institut 38 de ce groupe électronicien chinois, le drone Tian Shao (天哨 en chinois, qui veut dire Sentinelle du ciel) a réussi récemment son premier vol de 30 minutes à l’aéroport Pucheng Neifu, dans la province de Shaanxi. Le texte donne peu de détails comme la coutume chinoise le veut, mais les vocabulaires choisis donnent tout de même quelques indices intéressantes sur la nature de l’engin.

Par exemple, le mot exact pour désigner le drone est « engin volant à capteurs », et l’Institut 38 souligne par ailleurs que la conception de l’engin et des charges utiles radars est hautement intégrée. Si cette « conception intégrée » peut paraître confuse dans un premier temps, la lecture de plusieurs brevets déposés en 2016 par ce bureau d’études spécialisé dans la conception des radars pour chasseur et AWACS, comme celui du KJ-500, permet clairement de mettre en lien ce terme et l’utilisation des antennes de radar conformes.

Dans l’un des brevets qui parle d’un système de balayage électronique sur un « engin volant à capteurs », des antennes de radar AESA sont installées sur les bords d’attaque et de fuite de la voilure, avec un angle de flèche soigneusement choisi pour couvrir l’ensemble des environs.

Fin 2017, un autre brevet impliquant une matrice d’antennes à balayage électronique actif sur un drone a été soumis, avec un niveau de détails suffisant pour laisser penser que les technologies seraient au stade industriel.

A noter que le drone Tian Shao pourrait être en réalité le JY-300, un « système AEW sans pilote », présenté en mois de Juin par la même institution au Salon de radars à Nanking.

Si tel est le cas, il s’agira alors d’un drone de 1 300 kg au décollage avec une capacité d’emport de 400 kg, capable de voler à une vitesse maximum de plus de 200 km/h et un plafond à 7 500 mètres. L’autonomie de l’engin est supérieure ou égale à 15 heures.

D’après la description fournie par son constructeur, le JY-300 est plutôt conçu pour la surveillance des cibles navales comme les navires, les appareils embarqués ainsi que des missiles anti-navires, mais rien n’indique aujourd’hui qu’il s’agisse d’un drone embarqué comme prétend certains médias chinois. Il semble être délicate dans tous les cas étant donné l’envergure de l’appareil, 17 mètres selon une source proche du dossier, et ce sans mécanisme de pouvoir replier les ailes.

A part la performance du vecteur lui-même, on peut aussi observer sur la maquette et aussi dans la brochure de constructeur les emplacements où les antennes conformes sont installés. Les images montrent qu’ils se trouvent de part et d’autre de la cellule, sur les bords d’attaque de la voilure et possiblement vers les ailettes.

Vu les images diffusée à ce jour, il est difficile de dire si le drone Tian Shao est déjà doté de radars conformes à ce stade, mais de tout logique il faudrait d’abord valider les caractéristiques en vol de l’engin avant que la partie embarquée ne soit installée et testée à son tour.

Rappelons aussi que CETC n’est pas une entité spécialisée en conception aéronautique, contrairement à AVIC, il n’est donc pas étonnant que la plateforme elle-même soit développée en collaboration avec un tiers, mais cela reste à confirmer.

Les images satellites prises le 1er Octobre à l’aéroport de Pucheng Neifu, au lendemain du premier vol de Tian Shao, montrent que le drone et ses équipes de soutien sont déjà partis. D’autres essais en vol sont sans doute nécessaires pour la suite du programme, on aura alors l’occasion de revenir sur le sujet prochainement.

Drone

L’aéroport de Pucheng où le drone Tian Shao a effectué son premier vol. Image en date du 1er Octobre 2018.

A suivre.

Henri K.

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Et si la vision du monde est "biphasée" ? C'est ce que Henri a toujours cru, c'est également comme cela qu'il voit la Chine. Maladroit dans son écriture, souvent perdu dans ses pensées, ce responsable technique en aéronautique essaie pourtant de partager avec vous chaque jour les actualités sur l'Empire du Milieu, avec notamment les éléments à la source que vous ne verrez probablement jamais ailleurs en France.

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