Gros-porteur C929 : lancement de la joint venture sino-russe

Après bientôt un an de préparation, l’avionneur chinois COMAC et la United Aircraft Corporation of Russia (UAC) ont célébré ensemble la création de leur joint-venture, China-Russia Commercial Aircraft International Co., Ltd. (CRAIC), le 22 Mai dernier à Shanghai. La co-entreprise sera responsable de la gouvernance du nouveau programme d’avion à fuselage large C929.

C’est en fin Juin 2016 que les deux groupes ont signé l’accord de cette collaboration, sous le témoignage du président chinois XI Jin Ping et du président russe Putin. La nouvelle entreprise sino-russe est détenue à parts égales, mais l’assemblage final du futur avion sera basé en Chine, à Shanghai.

« La création de CRAIC marque un progrès important dans le programme de l’avion commercial long courrier à fuselage large. Nous ferons de notre mieux pour faire de ce programme un modèle phare dans l’histoire des collaborations entre la Chine et la Russie. », indique JIN Zhuanglong, PDG de COMAC, « Nous allons développer un gros porteur compétitif conformément aux normes internationales de navigabilité, pour fournir un meilleur service aux compagnies aériennes et contribuer davantage au marché globale de l’aviation civile. »

Le C929 est un long courrier à double couloirs dont la version de base dispose de 280 sièges réparties sur 3 classes, avec une autonomie de 12 000 km. Il s’agit d’un biréacteur comme l’ A350 d’Airbus et le Boeing 787, mais il est en réalité plus proche de l’A330 en terme de capacité de passagers.

L’objectif de l’avionneur chinois est de viser une meilleure performance économique de l’avion pour ses futurs clients, de l’ordre de 10 à 15%, par rapport à l’A350 et au Boeing 787. Pour cela, COMAC et UAC misent sur l’application abondante de composite pour alléger la masse à vide de l’avion et un ensemble de systèmes avioniques avancés.

D’un point de vue commercial, CRAIC espère aussi récupérer 10% des parts de marché du même segment que l’A350 et au Boeing 787.

C929

Un démonstrateur de cockpit intelligent développé par COMAC, avec commande vocale et suivi rétinal (Photo : 航空知识)

Le programme du C929 va entrer prochainement en phase de conception initiale, et va lancer une série d’appel d’offres sur le marché pour sous-traiter au maximum la conception de base et la fabrication des composants et des systèmes à leurs chaînes d’approvisionnement externes.

Ce mode de fonctionnement se rapproche de ce que font déjà Airbus et Boeing depuis ces dernières années, où les deux avionneurs gardent uniquement en main le cœur des expertises en ingénierie et en intégration. Cela permet de réduire fortement le coût en mettant les sous-traitants en concurrent, mieux contrôler ainsi les risques en délai, en coût et en qualité, tout en contrôlant la chaîne industrielle entière à la source.

COMAC prévoit de mettre 7 à 10 pour terminer la conception, la fabrication, les essais en vol et la certification de l’avion, et livrer les premiers C929 à ses clients entre 2025 et 2027.

Une grande pièce entièrement réalisée en composite dans le cadre des pré-études chinoises

Une grande pièce entièrement réalisée en composite dans le cadre des pré-études chinoises

Pour le moment le RACI entre les acteurs chinois et russes dans ce projet de C929 n’est pas encore rendu publique, mais cela fait déjà quelques années que les industriels chinois ont commencé les pré-études pour anticiper l’arrivée du projet.

On peut citer l’exemple d’un premier grand panneau entièrement réalisé en composite, dédié au « futur avion à fuselage large chinois », qui est sorti de la chaîne de production chez COMAC en fin Décembre 2015. Cela montre que les Chinois ne se contenteront pas à une simple participation financière dans leurs collaborations avec les Russes, et espèrent pouvoir apporter leur pierre à l’édifice dans un programme où leurs partenaires en face ont déjà une longue expérience dans la conception des long courriers depuis l’époque soviétique.

A suivre.

Henri K.

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Et si la vision du monde est "biphasée" ? C'est ce que Henri a toujours cru, c'est également comme cela qu'il voit la Chine. Maladroit dans son écriture, souvent perdu dans ses pensées, ce responsable technique en aéronautique essaie pourtant de partager avec vous chaque jour les actualités sur l'Empire du Milieu, avec notamment les éléments à la source que vous ne verrez probablement jamais ailleurs en France.

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