CH-805 : le drone qui vous apprend à abattre le B-2

La CAAA, filiale du groupe aérospatial chinois CASC et concepteur des drones Caihong comme le fameux drone MALE armé CH-4B vendu à l’Irak, va venir cette année à l’Airshow China 2016 avec 10 différents types de drone et deux missiles dédiés aux UCAV. L’un d’eux, le CH-805, est un drone-cible à aile volante conçu pour l’entraînement des unités de défense anti-aérienne au sol.

Selon la présentation, le SER (ou RCS) du CH-805 est de 0,01m², ou -20dB, soit l’équivalent d’un oiseau. L’UAV mesure 4 mètres d’envergure et pèse 190 kg maximum au décollage. Il est capable de voler à une vitesse jusqu’à 730 km/h pendant 40 minutes.

Son décollage s’effectue à l’aide de booster à fusée et la récupération à l’aide d’un parachute. Les études de CAAA montrent que le SER du drone est plus faible que celui de F-22 américain et il servira à la fois comme cible d’entraînement pour les opérateurs de radar et les tireurs au sol, et aussi comme cible en essais de tir pour la validation des nouveaux missiles anti-aériens en développement.

Le drone a également une capacité d’emport limitée qui lui permet d’équiper des petites charges de reconnaissance et une liaison de données.

L’apparition du CH-805 nous dit plusieurs choses intéressantes – D’abord, les industriels aérospatiaux chinois commencent aussi à maîtriser les caractéristiques en vol de l’aile volante et la commande de vol relative, un domaine qui est jusqu’à présent le monopôle du groupe AVIC, acteur principal dans l’aéronautique en Chine. Cette « banalisation » témoigne indirectement le niveau général du pays en la matière.

Ensuite, il nous montre que les Chinois ne se contentent plus uniquement des drones de configuration classique, comme celle de Wing Loong, de CH-4 ou de MQ-9 Reaper américain, et s’intéressent aussi à la configuration d’aile volante qui représente de fort intérêt en terme de volume utilisable et de furtivité pour un drone subsonique, tout comme les Américains qui l’ont fait avant eux.

Le CH-805 est également une énième preuve de plus sur l’effort en continue de l’armée chinoise dans sa tactique de la défense appelée « 三打三防 », qui veut dire « frapper trois types d’engin et défendre contre trois types de cible ».

Cette tactique a évolué en fonction des menaces extérieures de l’époque. Dans les années 90′, elle était de « frapper les avions furtifs, les missiles de croisière et les hélicoptères de combat; Défense contre les frappes de précision, le brouillage électronique et la reconnaissance d’ennemi« .

Depuis 2000′, les trois objectifs de la défense n’ont pas changé, mais ceux de la frappe ont bien évolué vers « Frapper les satellites, les AWACS et les porte-avions« . Mais malgré ce changement d’objectifs, les anciennes tactiques restent toujours d’actualité.

La multiplication et la variété des moyens de détection tout au long de ses côtes et de ses frontières, la massification des vecteurs de frappe autour de ses points d’intérêt, la mise en réseau de ces moyens et l’amélioration dans l’ensemble de ses infrastructures et des processus du C4ISR trans-armées sont autant de preuve qui nous disent que la Chine n’a jamais écarté la possibilité qu’elle puisse être la cible des frappes modernes, à « l’OTANienne », malgré sa taille d’aujourd’hui. Et elle se donne des moyens pour dissuader tous ceux qui pourraient avoir cette idée, et pour se préparer à cette éventualité.

Le drone CH-805, à part son côté d’effet de mode, doit donc être considéré aussi sous cet angle de vue.

Henri K.