Les images satellites montrent que le Shaanxi Aircraft Corporation (SAC), filiale du groupe d’aéronautique chinois AVIC et entité spécialisée dans la production d’avions de transport moyen et les variantes spécifiques, tourne en plein régime depuis maintenant près de deux ans. Les AWACS KJ-500, les avions de patrouille maritime de nouvelle génération Y-8Q (aussi connu sous la référence de KQ-200), ainsi que les différentes versions en guerre électronique, sortent à la chaîne de l’usine de SAC pour équiper l’armée de l’air et la marine chinoise.
On peut voir sur les images datant du mi Mai cette année qu’au moins 13 appareils de modèle différent étaient stationnés sur le tarmac de la zone des essais en vol de SAC, située à 17 km Nord-Est de la ville Hanzhong, parmi lesquels on dénombre quatre AWACS KJ-500, quatre MPA de type Y-8Q, et trois voir quatre avions de transport Y-9.
Tous, sauf un KJ-500, sont déjà peints en livrée de l’armée de l’air, la marine ou l’armée de terre chinoise, ce qui revient à dire que les appareils étaient non loin de la livraison officielle.
- Les appareils stationnés au site de SAC, le 17 Mai 2017, avant la livraison à l’armée chinoise (Images : Digital Global, East Pendulum)
Et une autre image satellite prise quatre mois plus tard, au début du mois de Septembre, permet de voir qu’au moins deux autres nouveaux AWACS KJ-500 sont sortis de la chaîne d’assemblage final. En effet, on identifie clairement sur la même zone trois AWACS avec leur radôme dorsal très caractéristique, et tous portant encore de la peinture jaune anti-corrosion, alors que sur l’image du mois de Mai un seul était en cet état.
Il est donc probable que la cadence de cet AWACS chinois – conçu pour préserver les mêmes performances en terme de C4ISR que l’ancien modèle KJ-2000, mais avec une plateforme Y-9 totalement sous contrôle de la Chine contrairement à l’IL-76MD, dont l’importation devient de plus en plus difficile – ait été augmentée à un appareil tous les deux mois, voir plus court à un mois et dix jours.
Le nombre d’appareils sur ces images confirme aussi indirectement une information parue il y a deux jours dans un journal de l’armée chinoise, indiquant qu’une « dizaine d’avions » a été livré par SAC en 2017. On pourrait s’attendre d’ailleurs à une montée en cadence plus conséquente car des chaînes en pulse-line viennent d’être opérationnelles à Shaanxi depuis peu, si l’on croit à un article paru dans China Aviation News, un journal du groupe AVIC, qui mentionne le roll-out d’un premier appareil issu de l’assemblage « pulsé ».
- L’une des chaînes d’assemblage de SAC
- Le même site de SAC début Septembre 2017 (Photo : 南海研究论坛)
- Le troisième type d’AWACS chinois KJ-500 (Photo : 莲花跑车)
- Le nouveau MPA chinois Y-8Q / KQ-200
A travers ce programme d’AWACS on peut constater une fois de plus la quête constante du pays pour obtenir l’indépendance absolue en matière de la Défense et sécurité nationale, quitte à devoir faire des concessions à un certain niveau.
Dans le cas du KJ-500, la plateforme Y-9 dispose d’une autonomie et d’une vitesse nettement inférieure à l’IL-76MD, le volume exploitable à l’intérieur de la cabine et la capacité d’emport sont également moindres, mais les ingénieurs du groupe d’électronique et radariste chinois CETC semblent avoir trouvé des solutions pour pallier aux problèmes techniques, et faire entrer un ensemble d’équipements dans un espace plus restreint sur une plateforme plus petite, notamment grâce à une nouvelle architecture technique liée à un radar à balayage électronique actif entièrement digitalisé.
Il est à noter que l’armée chinoise commence à déployer ses nouveaux AWACS aux quatre coins du pays, que ce soit au Tibet sur la frontière sino-indienne, en mer de Chine orientale face aux forces armées américaines et japonaises, ou encore sur l’île de Haïnan pour la direction de la mer de Chine méridionale. On retrouve également des MPA de type Y-8Q à la base aérienne de Lingshui.
Les images satellites datant du 23 Octobre 2017 montrent que la marine chinoise a déployé trois nouveaux AWACS KJ-500 et deux avions de patrouille maritime ASW KQ-200 (Y-8Q) à la base aérienne de Lingshui, sur l'île de Haïnan, dans la direction de la mer de Chine méridionale. pic.twitter.com/HWFP409jlk
— East Pendulum (@HenriKenhmann) December 3, 2017
A suivre.
Henri K.
SAM | 2017-12-09
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Si l’APL n’utilise pas la plate-forme Y-20 comme AWACS dans un avenir proche, c’est que les ingénieurs chinois ont réussi à transformer les faiblesses de la plate-forme Y-9 ou Y-8 par rapport à la plate-forme IL-76MD en forces… A suivre.