Pour la 6ème fois en l’espace d’un mois, l’armée de l’air chinoise a envoyé ses appareils franchir la 1ère chaîne d’îles et virevolter autour de l’île de Taïwan.
Il s’agit cette fois-ci de deux avions brouilleurs ECM longue portée Y-8G, qui sont sortis de la 1ère chaîne d’îles ce dimanche 13 Août dans la matinée, en longeant par le sud de l’ADIZ taïwanaise.
Selon le ministère taïwanais de la Défense, deux chasseurs bombardiers Su-30MKK les ont accompagnés lors de leur traversée du détroit de Miyako pour rentrer à la base. Ce détail n’est étrangement pas mentionné dans le rapport de l’armée japonaise qui a pourtant fait décoller des avions de chasse pour intercepter les avions chinois.
- Un avion brouilleur ECM chinois Y-8G, photographié lors de sa sortie de la 1ère chaîne d’îles le dimanche 13 Août (Image : 統合幕僚監部)
- Le parcours des deux Y-8G chinois (Image : 統合幕僚監部)
A noter qu’un avion de guerre électronique du même modèle a déjà escorté deux bombardiers H-6K sortir de la 1ère chaîne d’îles un jour auparavant. L’événement a été rapporté par l’armée taïwanaise, qui mentionne également la présence d’un autre escadron composé d’un AWACS KJ-200 et des chasseurs Su-30MKK., dans une opération qualifiée de « compagne d’entraînement haute mer de longue portée ».
- L’un des deux bombardiers chinois H-6K lors de la sortie de la 1ère chaîne d’îles le samedi 12 Août (Image : 統合幕僚監部)
- Les deux bombardiers chinois sont escortés par un avion brouilleur Y-8G (Image : 統合幕僚監部)
- Le parcours des trois appareils chinois (Image : 統合幕僚監部)
Les quatre autres manœuvres de l’armée de l’air chinoise franchissant la 1ère chaîne d’îles depuis mi-Juillet sont :
- 2017.07.13 avec 6 bombardiers H-6K
- 2017.07.20 avec 1 avion ELINT Y-8CB, 1 avion brouilleur Y-8G et 8 bombardiers H-6K
- 2017.07.24 avec 4 bombardiers H-6K
- 2017.08.09 avec 1 avion brouilleur Y-8G
Cette tendance d’intensification de sorties au-delà de la 1ère chaîne d’îles, constituant historiquement un « collier ras-de-cou contenant la bête » pour les Etats Unis et ses alliés dans le Pacifique de l’Ouest, n’est pourtant pas une nouveauté – Dans son rapport annuel sur le nombre de décollages d’urgence effectués par ses forces aériennes, les chiffres fournis par l’armée japonaise indiquent clairement une hausse importante des cas en provenance de la Chine.
Ainsi, le nombre d’interceptions à l’encontre des appareils chinois a doublé en 3 ans, entre 2013 et 2016, pour atteindre 851 cas l’an dernier, soit une moyenne de 71 par mois, ou plus de 2 par jour.
L’effet « blocus » de ce collier d’îles – composé par le Japon, le Taïwan et les Philippines principalement – se dégrade au fur et à mesure que l’armée chinoise se modernise et devient déterminé à établir une zone de contrôle autour de ses côtes.
Russie | Chine | Variation (Chine) | Taïwan | Corée du Nord | Autres | Total | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
2012 | 248 | 306 | 1 | 0 | 12 | 567 | |
2013 | 359 | 415 | +35,62% | 1 | 9 | 26 | 810 |
2014 | 473 | 464 | +11,80% | 1 | 0 | 5 | 943 |
2015 | 288 | 571 | +23,06% | 2 | 0 | 12 | 873 |
2016 | 301 | 851 | +49,04% | 8 | 0 | 8 | 1168 |
Le rapport japonais montre aussi que les manœuvres de l’armée chinoise sur la partie nord de la 1ère chaîne d’îles se concentrent encore essentiellement dans la mer de Chine orientale, avec une multiplication de sorties en océan Pacifique via le détroit de Miyako et le détroit de Bashi.
Mais les appareils chinois commencent aussi à s’aventurer dans la mer du Japon, où les activités des forces aériennes russes sont historiquement denses.

En rouge, les vols d’appareils chinois en 2016 et en orange, ceux des appareils russes (Image : 統合幕僚監部)
A suivre.
Henri K.