La marine chinoise avait déclaré en 2016 qu’elle va « normaliser » ses sorties à l’Ouest de l’océan Pacifique, et c’est maintenant chose faite avec une nouvelle traversée de la 1ère chaîne d’îles avec une dizaine d’appareils de ses forces aériennes, en passant par le détroit de Miyako près du Japon.
Selon le communiqué du ministère japonais de la Défense en date du jeudi 2 Mars, un total de 13 avions de la marine chinoise a franchi la 1ère chaîne d’îles peu avant midi pour rejoindre 3 navires de guerre chinois qui étaient en train de naviguer un peu plus de 120 km au Sud-Est des îles Miyako.
- La trajectoire des appareils chinois et la zone de l’exercice chinois (Photo : 統合幕僚監部)
- Un avion d’alerte avancée Y-8J faisant partie des 13 appareils chinois (Photo : 統合幕僚監部)
Parmi les 13 avions de l’escadre chinoise, on compte 1 avion d’alerte avancée AEW Y-8J, 6 avions de combat et 6 bombardiers. Mais pour une raison qui nous échappe, leur identités exactes n’ont pas été révélées par les forces armées japonaises – ce qui est assez inhabituel – qui ont utilisé les mots comme « bombardiers présumés chinois » ou encore « avions de chasse présumé chinois ». Cela pourrait suggérer que les appareils japonais n’ont pas pu s’approcher assez de l’escadre chinoise pour effectuer la photographie d’identification.
On apprend plus tard dans une déclaration de la marine chinoise que les appareils et les navires chinois ont mené en effet un exercice militaire de type confrontation. Les forces aériennes et les navires ont simulé à tour de rôle l’assaillant et le défenseur dans un combat Air-Mer.
Deux des trois navires de guerre chinois – le destroyer 171 Haikou de Type 052C et le destroyer 173 Changsha de Type 052D – étaient encore à l’Est de l’océan Indien il y a quelques jours (voir notre dossier « Et si les destroyers chinois voulaient surveiller l’essai du SLBM indien ?« ). Ils ont ensuite passé par la mer de Célèbes, un vaste bassin situé entre les Philippines et l’Indonésie, avant de revenir au large des îles japonaises sur la 1ère chaîne d’îles.
Le 3ème navire de guerre chinois est la frégate 531 Xiangtan de Type 054A appartenant à la flotte de l’Est, contrairement aux deux destroyers qui, eux, viennent de la flotte du Sud.
Quant aux bombardiers chinois non identifiés par les Japonais, il s’agit des H-6G capable de lancer des missiles anti-navires supersoniques YJ-12 d’une portée de près de 400 km, si l’on croit aux photos publiées par la marine chinoise.
- L’un des H-6G de l’escadre chinoise (Photo : PLA Navy)
- Le destroyer 173 Changsha de Type 052D à l’Ouest de l’océan Pacifique (Photo : PLA Navy)
- Les destroyers 171 Haikou et 173 Changsha dans la mer de Célèbes (Photo : 81.cn)
Il est à noter que la zone dans laquelle les avions et les navires de la marine chinoise ont mené leur exercice militaire est particulièrement intéressante. Le détroit de Miyako l’une des plus importantes « portes » d’entrée à l’océan Pacifique pour la Chine et une zone de combat de très haute intensité si la marine chinoise devrait affronter l’US Navy et les flottes japonaises dans un scénario de « récupération » de l’île de Taïwan.
Et on peut constater une intensification des sorties des forces aériennes et navales chinoises à cet endroit précis depuis les deux dernières années – en Septembre 2016, une quarantaine d’avions de l’armée de l’air chinoise ont franchi la 1ère chaîne d’îles ici, l’événement a même créé quelques frictions entre les appareils chinois et ceux des Japonais, Taïwanais et Américains. En Décembre, plus d’une dizaine de F-15J japonais ont décollé pour intercepter le nombre d’appareils chinois qui sont entrés dans l’océan Pacifique par le même endroit.
Il faudra donc s’attendre à une « normalisation » de ce type de sorties, comme annoncée par l’armée chinoise. Et si les trois corps d’armée chinois – l’armée de l’air, la marine, et les forces des fusées – semblent encore effectuer leur manœuvres de manière indépendante jusqu’à présent, visant à « anéantir » ou « repousser » le blocus crée par les Etats Unis et ses vassaux à l’Asie de l’Est, il ne sera pas étonnant de voir arriver des exercices conjoints, dans les années à venir, qui intègrent l’ensemble des vecteurs chinois, mais auquel cas la signification ne sera probablement plus du tout la même…
A suivre.
Henri K.