Les sources locales indiquent que les principaux sections du premier destroyer de Type 055 sont actuellement en assemblage final, au chantier naval Changxing Jiangnan de Shanghai.
A travers les photos prises par les spotteurs de Shanghai, on peut reconstituer chronologiquement l’assemblage de ce premier destroyer chinois de plus de 10 000t.
Le 16 Octobre 2015, un premier petit module a fait son apparition.
L’image satellite de mi-Novembre 2015 montre que certains modules seraient déjà fabriqués. La découpe de la première tôle a eu lieu en mois de Mars.
En début Mai, cette année, les « designs » de spotteurs Shanghaïens montrent que les premiers sections ont été mis sur cale. Un personnel du chantier naval dit que l’assemblage se fait à l’extérieur à cause de la taille du navire.
Fin Mai, les photos de ces sections commencent à émerger.
Et à partir de fin Juillet, les sections principales commencent à se mettre ensemble.
Sur cette dernière photo par exemple, qui a été prise il y a 3 jours, on peut voir l’une des sections entre le pied gauche de la grande portique marquée « CSSC 江南长兴 » et la superstructure peinte en jaune d’un navire marchand.
Le Type 055, un vecteur de la présence globale de la marine chinoise
En tant que le plus grand destroyer jamais construit en Chine, et avant de savoir avec quels armements il sera équipé, on peut se demander pourquoi le pays ait jugé nécessaire de construire une plateforme de première ligne de tel tonnage ?
Est-ce pour la conquête du « toujours plus grand » ?
La réponse est clairement non, sinon on aurait eu quelques choses dépassant les 20 000t pleine charge, comme ce que les industriels chinois avaient proposé à la marine chinoise au début du projet.
Avec un développement économique relativement rapide, la dépendance de la Chine de ses voies d’approvisionnement maritime est de plus en plus forte.
Le besoin de pouvoir protéger ces « vaisseaux sanguins » et ses intérêts outre-mer, qui sont maintenant présents pratiquement à tous les continents, devient alors primordial.
La marine chinoise ne pourra donc plus se contenter d’intervenir uniquement près de ses côtes et sur le plateau continental du pays. Elle doit désormais d’être présent là où se trouvent les intérêts du pays, et donc disposer la capacité de combattre partout dans le globe, pour étendre la volonté politique de l’État, protéger les ressortissants chinois, et défendre les intérêts économiques.
Le destroyer de Type 055 est donc le fruit de ce nouveau besoin émergeant. Pour un pays comme la Chine qui n’a pas encore de bases de ravitaillement ailleurs, une plus grande plateforme signifie une plus grande autonomie sur mer.
Le projet du Type 055 a démarré au 20 Décembre 2009, pratiquement au même moment que celui du Type 052D. Les sources proches de l’industrie navale et de la marine chinoise ont plusieurs fois utilisé les mots comme « nouvelle façon de penser », « nouveau concept », « nouvelles technologies » et « révolutionnaire » pour décrire le navire, alors que ses armements sont restés essentiellement les mêmes que le Type 052D.
L’explication la plus probable de ce contraste se trouve peut-être aux deux niveaux – l’architecture et la conception de ses systèmes de combat, donc dans le domaine électronique et électromagnétique, et la façon que les bâtiments de cette classe seront construits.
Sur le premier point, selon un ancien officier technique de la marine chinoise (au grade du capitaine de vaisseau), les systèmes de combat du Type 055 sont hautement intégrés, et la fusion des données venant de ses propres capteurs ainsi que des différents corps d’armée aurait atteint un autre palier.
Je lis à travers ses mots que les systèmes peuvent intégrer toutes sortes de données venant des autres plateformes, comme les satellites, les avions, les navires, les sous-marins et les unités terrestres. Et, équipé d’un système de commandement de flottille, il serait capable d’utiliser directement les armements des autres bâtiments trouvant dans son « sphère ».
Bien évidemment tout ceci reste à confirmer, mais on pourrait s’attendre à une nette amélioration dans le domaine électromagnétique du Type 055 par rapport aux autres bâtiments chinois de première ligne.
Le deuxième point sur la méthode de construction, la même source a précisé que les sections « pré-équipées » sont pensées maintenant dès la phase de conception initiale du navire, ce qui est relativement nouveau pour la construction des navires militaires chinois.
Côté détection, le Type 055 devrait équiper de 4 radars à antenne active Type 346A en bande S, comme sur les Type 052D et le porte-avions 16 Liaoning. Le radar métrique longue portée de Type 517B devrait être remplacé. Il devrait avoir des radars à bande X également sur le mât principal.
Les différents types de missile qui se trouveront dans les 112 ou 128 silos à lancement vertical du navire constituent son principal arsenal offensif et défensif.
On peut citer par exemple le missile antiaérien longue portée HQ-9B et de moyenne portée HQ-16C (??), le missile anti-navire YJ-18A et le missile de croisière YJ-18.
La gestion et la conduite de tir de ces missiles partageraient la même interface et le même système de combat.
Il semblerait que le missile anti-sous-marin Yu-8 à lancement vertical qui équipe les frégates de Type 054A ne fasse pas partie de l’arsenal du Type 055. Quant au missile ABM HQ-26, il ne devrait pas se trouver à bord de ce destroyer non plus, du moindre pas pour le moment.
L’autodéfense du navire sera assurée par le canon principal H/PJ-38 modifié, le CIWS H/PJ-11 de cadence dépassant les 10 000rd/min, et le CIWS à missile HQ-10, comme pour le Type 052D.
- H/PJ-38 calibre 130mm
- H/PJ-11 calibre 30mm
- HQ-10
- YJ-18A
La première tranche de commande de Type 055 porterait sur 4 exemplaires, dont 2 seront construits à Dalian. Le coût d’un Type 055 s’élève à plus de 5 milliards de Yuan, soit un peu plus de 663 millions d’euro.
A noter que, contrairement aux contrats navals en France, l’effet de série ne fonctionne pas en Chine. Les frais de R&D des programmes sont payés séparément et ils ne se lissent pas en fonction du nombre de bâtiments commandés. Le coût de construction de chaque navire est donc fixé dès le début et suivant le plan quinquennal.
La livraison de ce premier Type 055 construit à Shanghai devrait avoir lieu d’ici 2019, au plus tôt 2018.
L’affaire à suivre.
Henri K.
Collectionneur | 2016-08-22
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c’est une impression ou la tourelle du H/PJ-38 est AUSSI imposante VOIR PLUS que celle dU 155 mm. ags DU ZUMWALT ?
Henri KENHMANN | Author | 2016-08-22
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Ce n’est qu’une impression je pense. Le fait que la tourelle est plus haute joue peut-être un effet optique.
En tout cas la marine chinoise est en train d’harmoniser les calibres de ses canons, il n’y aura, à termes, que des calibres 30mm, 76mm et 130mm.
Le H/PJ-38 lance des obus guidés à plus de 100km, développer spécifiquement un 155mm ne semble pas être nécessaire pour les Chinois.
Henri
SSDD | 2016-08-21
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Very interesting and detailed piece!
Judging from the progress so far, can we expect a possible launch by the end of 2016?
Thanks!
Henri KENHMANN | Author | 2016-08-21
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Hi,
Knowing that this is the first time for Jiangnan to work with highly pre-installed sections, I don’t have any reference to judge the progress. IMO early 2017 would be more reasonable.
Cheers,
Henri
Collectionneur | 2016-08-23
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une portée de plus de 100 km ? C’est »officiel » entre parenthèses ?
Je ne rappelle si les obus Vulcano de 127 mm d ota melara donne pour cette portée ont atteint leurs objectifs.
Mine de rien, l’artillerie navale revient en force face aux missiles couteux.
Henri KENHMANN | Author | 2016-08-23
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Le H/PJ-38 tire 3 types d’obus dont l’obus propulsé et guidé.
Les deux premiers qui ne sont pas propulsés ont une portée de 29,5km.
L’obus propulsé et guidé pèse dans les 45kg. En fait deux types « propulsés » sont développés – l’un est un obus qui peut ajuster sa propre trajectoire sur une dimension durant le vol, l’autre est « guidé et longue portée ». C’est ce dernier qui dépasse les 100km d’après mes notes.
Henri